05/01/21
Question orale de M. Matthieu Daele à Mme Valérie Glatigny, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de la Promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de Justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles, intitulée
«Perspectives d’avenir pour le secteur de la post-adoption»
M. Matthieu Daele (Ecolo).
Rappelons tout d’abord que le nombre d’adoptions diminue d’année en année depuis dixans, tandis que les demandes de soutien post-adoptif se multiplient. Par exemple, il existe en province de Liège l’ASBL ALPA (Accompagnement des liens post-adoption), née en 2012 du souhait d’offrir au public concerné par l’adoption une structure permettant d’exploiter, d’analyser, de partager et de s’approprier tout le vécu post-adoption. Les investigations de cette ASBL ont mis en évidence le fait qu’il existe peu de structures qui accompagnent la construction des liens post-adoptifs, au regret de nombreuses familles et de personnes adoptées.
Les objectifs d’ALPA consistent à renforcer les liens existant entre les personnes concernées par l’adoption, à être un lieu d’échange, de réflexion, de partage d’expériences et à offrir une structure d’accompagnement pour les personnes adoptées, leurs familles et leur entourage. En outre, ALPA offre un support de réflexion aux professionnels concernés par l’adoption.
Depuis plus de sept ans, cette ASBL bénéficie d’un appui financier pour développer ses activités, bien qu’il n’existe pas d’arrêté-cadre permettant des subventions structurelles. L’équipe d’ALPA compte cinq personnes, qui souhaitent que soit pérennisé ce type d’actions pour soutenir les familles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Or, un soutien financier sera nécessaire pour pérenniser l’activité d’ALPA et offrir une aide complémentaire aux autres organismes qui œuvrent actuellement dans ce domaine. En effet, 2020 est la dernière année où ALPA a pu bénéficier de l’aide de la Direction de l’adoption de l’Autorité centrale communautaire (ACC). Pour 2021, ALPA n’a pas encore trouvé les moyens financiers nécessaires pour maintenir ses engagements auprès de son public. Du côté de l’ACC, la Direction de l’adoption a indiqué qu’elle ne pouvait pas leur accorder les sommes nécessaires pour le moment.
Les projets d’accompagnement post-adoptifs sont financés à partir des crédits de l’AB33.36 «Initiatives diverses, projets particuliers et innovants»de la DO17 «Aide à la jeunesse».Madame la Ministre, lors des discussions sur le budget de 2021, vous m’avez confirmé que le budget total alloué aux projets post-adoptifs sur cette enveloppe représentait 50000 euros les années précédentes et que ce montant était confirmé pour 2021. D’autre part, au mois de mai, en réponse à une question écrite, vous m’avez indiqué que les résultats de l’appel à projets 2017-2020 devaient encore faire l’objet d’une évaluation par l’administration, laquelle ne pourrait débuter qu’après remise des justificatifs, notamment les derniers rapports d’activité. Vous avez ajouté que si cette évaluation était concluante, la poursuite du soutien des organismes concernés pourrait être envisagée. Quels sont les résultats de cette évaluation? La poursuite du soutien à ces organismes sera-t-elle envisagée? Dans ce cadre, quelle part du budget de 50000 euros sera-t-elle affectée à l’ASBL ALPA et aux autres organismes?
Par ailleurs, vous avez fait de la simplification administrative et de la pérennisation des actions de l’aide à la jeunesse votre cheval de bataille. Allez-vous également offrir au secteur de la post-adoption un subventionnement plus pérenne afin que les associations actives dans ce secteur puissent envisager leur travail sur le long terme? Afin de favoriser le développement des activités de ces associations et de dépasser le simple maintien du travail déjà existant, pouvez-vous m’informer des possibilités qui s’offrent à un service de post-adoption pour pérenniser ses activités?
Mme Valérie Glatigny (MR)
En effet, lorsqu’un enfant intègre sa famille adoptive, il s’agit, tant pour lui que pour ses parents adoptifs, sa famille élargie et son réseau social, de faire l’expérience de la création du lien sous toutes ses facettes, de favoriser l’intégration de l’enfant dans les sphères familiale, scolaire, sociale et autres, et de l’accompagner tout au long de son développement au sein de son nouvel environnement. Il est donc primordial que des professionnels soient disponibles pour accompagner les familles dans ce chemin.
Bien entendu, les organismes d’adoption veillent à cet accompagnement; une fois la filiation établie, cet accompagnement prend la forme de visites dans la famille. À leurs côtés, les équipes se mobilisent pour offrir les services adéquats à l’ensemble des personnes concernées: la personne adoptée, ses parents adoptifs, les institutions et les professionnels du secteur. Il s’agit des initiatives dans le domaine de la post-adoption.
Un des aspects fondamentaux de ces projets réside dans la connaissance des problématiques spécifiques liées à l’adoption, cette connaissance permettant de répondre au mieux aux demandes, notamment celles relatives au processus souvent complexe de quête identitaire des personnes adoptées. Les moyens mis en œuvre sont variés et peuvent être individuels ou collectifs; ils vont du soutien ponctuel à la guidance, voire à la thérapie, ou il peut encore s’agir d’interventions dans les écoles ou au sein de l’aide à la jeunesse.
L’ASBL ALPA s’inscrit dans cette dynamique. À la suite d’un appel à projets, elle bénéficie depuis trois ans de subventions permettant le déploiement d’interventions post-adoptives. À la lecture de son bilan d’activité 2019-2020, il apparaît que ses activités se sont bien déroulées malgré les circonstances liées à la pandémie. L’équipe s’est engagée dans un travail de supervision conséquent afin de professionnaliser son offre de services et continuer de répondre aux besoins que je viens d’évoquer.
Les bilans comptables des projets post-adoptifs ont pu être validés, tant pour l’ASBL ALPA que pour les autres projets, de sorte que le solde de la subvention 2019-2020 devrait être liquidé rapidement. Par contre, la situation particulière de la Direction de l’adoption de l’ACC n’a pas permis de mener une évaluation complète de l’appel à projets en vue de déterminer la suite à lui donner, qu’il s’agisse d’un nouvel appel à projets ou de la pérennisation des projets en cours. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé, en fonction de l’évaluation de chacun des projets, de prolonger d’un an la subvention au profit de quatre associations, dont l’ASBL ALPA. Cette dernière bénéficiera d’une subvention de 10.000 euros. Tout comme mon administration, je suis convaincue de la nécessité de soutenir ce type de projets lorsqu’ils donnent des garanties de professionnalisme sur les plans méthodologique, éthique, administratif et comptable.
M. Matthieu Daele (Ecolo).
Madame la Ministre, nous reconnaissons tous que les missions de ces associations sont importantes et qu’ALPA, comme d’autres,a montré son utilité. Vous avez indiqué que le bilan est positif, même si aucune évaluation formelle n’a été réalisée, ce qui est dommage. L’appel à projets 2017-2020 n’a donc pas été évalué et vous considérez a priori que l’évaluation sera positive.
J’espérais au moins le lancement d’un nouvel appel à projets pour que ces organismes puissent se projeter dans les trois années à venir, mais vous avez seulement prolongé d’un an les subventions actuelles. Ces associations devront donc faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais il sera nécessaire de pérenniser ces actions à la fin de cette année en adoptant au moins un plan triennal, voire en leur accordant un agrément qui leur permettrait de pérenniser leurs actions de manière beaucoup plus confortable. Je vous y encourage avec espoir.