20 janvier 2021

Question d’actualité de M. Matthieu Daele à Mme Valérie Glatigny, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles, intitulée

«Manque de places pour les mineurs en danger»

M. Matthieu Daele (Ecolo).

Mme Anthonissen, juge de la jeunesse, a poussé un coup de gueule qui a été relayé dans la presse ce week-end. Le titre de l’article était: «Je ne peux plus sauver les enfants battus». Je pense qu’il vous a interpellé, tout comme moi, Madame la Ministre. Au-delà de cette phrase choc, cette juge de la jeunesse a voulu dire qu’elle n’a jamais été confrontée à autant de temps d’attente pour trouver une solution pour des enfants en danger. D’après elle, jusqu’il y a peu, il était d’une année, mais cela s’est aggravé. Mme Anthonissen se retrouve face à un temps d’attente atteignant deux années pour pouvoir placer des enfants en danger. Ce ne sont pas uniquement les enfants maltraités physiquement, car être en danger englobe des problématiques plus larges que cela.

Qu’est-ce qui aggrave la situation aujourd’hui? Davantage de cas d’enfants en danger sont-ils signalés? Le nombre de places disponibles pose-t-il problème? Est-ce l’accès à ces places qui est en cause, par exemple pour des raisons sanitaires? Que faut-il répondre à cette juge de la jeunesse, et plus largement au secteur, qui est confronté à ces réalités? Partagez-vous ce constat? Quelle est la réponse que vous pouvez y apporter?

Mme Valérie Glatigny (MR),

La crise sanitaire a plus que probablement exacerbé les tensions au sein des familles et augmenté le nombre d’enfants en danger. Nous travaillons en amont du placement sur le soutien aux familles, aux jeunes dans leur milieu de vie et à la parentalité. Le placement intervient en dernier ressort. À la lecture de cet article, j’ai demandé immédiatement à mon administration une objectivation de la situation sur le terrain, pour avoir une vision globale des délais d’attente, pas seulement à Bruxelles,mais pour l’ensemble des services d’aide à la jeunesse (SAJ) et des services de la protection de la jeunesse (SPJ).

Lors de la première vague, nous avons effectivement créé 39 places d’hébergement d’urgence. Nous avons également mobilisé cinquante équivalents temps plein, sur une base temporaire. Lors du conclave budgétaire, nous avons décidé d’allouer trois millions d’euros supplémentaires au secteur, principalement pour procéder à des recrutements d’urgence, dans des services d’hébergement et également pour des services d’aide en milieu ouvert (AMO), pour travailler sur la prévention. Je ne me prononce pas encore sur le dossier,car il devra encore être soumis au gouvernement.

Il conviendra également de travailler sur la problématique des jeunes à la croisée de plusieurs secteurs. C’est souvent ce qui pose problème,car il faut trouver un lieu en urgence. Nous avons encore eu un cas le week-end dernier. Le vendredi soir, il a fallu trouver une place pour un jeune en difficulté et qui avait en plus un problème de l’ordre du handicap, de retard mental, d’une fragilité psychologique. Nous nous trouvons souvent à cheval entre deux secteurs. Lors du conclave budgétaire, le gouvernement a débloqué 500.000 euros pour travailler sur cette problématique. Nous évaluons actuellement les soutiens qui existent déjà pour voir comment les renforcer. L’important en la matière, ce n’est pas de demander au jeune de s’adapter à l’institution, c’est à l’institution de s’adapter au jeune pour répondre à ses besoins spécifiques. Il ne faut pas faire du prêt-à-porter,mais du sur mesure.

M. Matthieu Daele (Ecolo),

Madame la Ministre, j’entends que vous avez tout à fait conscience de ce problème qui n’est pas nouveau, malheureusement, et qui s’aggrave encore actuellement. Les juges de la jeunesse ne peuvent entreprendre un travail efficace que s’ils ont à leur disposition tout un panel de solutions afin d’opter pour celle qui convient le mieux au mineur en danger.

Vous avez cité les places d’hébergement et les AMO pour la prévention. Pour ma part, je voudrais aussi insister sur le placement en famille d’accueil qui peut être une solution adéquate pour toute une série de mineurs en danger. Même si nous manquons de familles d’accueil –il y en a 600 pour le moment– cette solution a le mérite d’être flexible. Une piste d’action dans ce sens pourrait être envisagée afin d’offrir à ces juges, confrontés à des drames humains, la capacité de pouvoir être efficaces dans leur action au bénéfice de la protection des mineurs en danger.