25 février 2021
Question de M. Matthieu Daele à Mme Valérie Glatigny, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de la Promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles, intitulée
« Fin du financement par le Fonds social européen (FSE) de projets essentiels en Fédération Wallonie Bruxelles »

M. Matthieu Daele (Ecolo).
Depuis plusieurs années, le Fond Social Européen (FSE) finance de multiples projets en Europe avec l’espoir de créer une société plus inclusive socialement via notamment une aide apportée aux personnes marginalisées. Le dernier appel à projet lancé par le Fond social Européen date de 2018 et a permis de mettre en place 104 projets en Belgique francophone via le financement de structures diverses. Toutefois, l’échéance de ces projets est fixée au mois de juin 2021 et à ce jour, aucun nouvel appel à projet n’est annoncé et donc aucune perspective n’apparaît pour donner suite à ces derniers.
Ces accompagnements issus de cet appel à projets « Amarrages » visent à assurer un accompagnement et un suivi des jeunes de 15 à 24 ans en situation de grand décrochage scolaire. Ces projets proposent d’accompagner ces jeunes en tenant compte du caractère multifactoriel propre au décrochage scolaire afin de les ré-accrocher au niveau de leur scolarité, formation, projet professionnel mais aussi familialement, socialement, psychologiquement, … Il permet de renforcer les acteurs concernés par la lutte contre le décrochage scolaire en travaillant en partenariat afin d’aboutir à des actions plus efficaces et cohérentes pour les jeunes concernés par l’appel. Certains partenariats sont axés sur l’intervention de 1ère ligne au sein des établissements scolaires, d’autres sont axés sur des dispositifs d’accompagnement et de relais plus externes à l’école et, enfin, certains sont centrés sur des mesures prenant en charge des jeunes sortis du système scolaire.
L’ASBL la Traversière, dont fait partie le centre PMS libre Liège 2, a répondu à cet appel à projet et est financée depuis 2018 dans ce cadre. La participation de tels centres à de tels projets est indispensable dans la mesure où ils connaissent mieux que personne les réalités de la vie scolaire et de la vie de nos jeunes étudiants. Leur participation est d’autant plus vitale étant donné la crise sanitaire qui nous touche et qui accentue encore plus ce phénomène de décrochage scolaire que combattent les projets financés par le FSE.
Dans ce cadre, c’est via l’équipe de CAP DEVANT que le centre PMS libre Liège 2 se donne comme principale mission d’accompagner les jeunes qui se trouvent en situation de grand décrochage scolaire en allant à leur rencontre, en s’adaptant à leur temporalité, et en faisant lien entre l’école et les services de l’Aide à la Jeunesse, lien par ailleurs très rare en l’absence de ces services qui vont à la rencontre de ces jeunes en « errance ».
Un constat souvent posé est que personne d’autre ne s’occupe de ces jeunes. Qui va donc aller à leur rencontre ? Beaucoup de services existent, mais très peu dans la durée et dans une telle proximité, ou avec une telle persévérance, car il faut du temps pour accrocher les jeunes à une demande (là où d’autres services s’arrêtent).
Le financement FSE va donc s’éteindre en juin 2021, dans quelques mois. Sans soutien alternatif, l’accompagnement de ces jeunes ne pourra se poursuivre. Par ailleurs, il convient de rappeler que le FSE finance ces initiatives pour moitié, la Belgique intervenant pour le reste ; leur espoir étant que des budgets nationaux soient dégagés par la suite afin que ces projets perdurent.
Madame la Ministre, estimez-vous nécessaire de permettre la poursuite des ces projets et l’accompagnement de ces jeunes ?
Dans l’affirmative, quelles perspectives envisagez-vous pour la suite de ces actions ? Quel soutien direct la FWB peut-elle envisager ?
A l’image de Cap Devant qui a rempli les missions qui lui étaient demandées et qui accueille de nombreuses demandes de suivi toujours actuellement, envisagez-vous d’en privilégier certaines ?
Envisagez-vous de vous mettre en relation avec Madame Caroline DESIR, Ministre de l’Enseignement afin d’envisager un pont entre enseignement et aide à la jeunesse ?

Mme Valérie Glatigny (MR).
Les ponts entre l’enseignement et l’aide à la jeunesse sont déjà bien établis. J’en veux pour preuve le décret définissant les politiques conjointes entre ces deux secteurs, qui a servi de modèle pour les différents appels à projets lancés et financés dans le cadre de la programmation 2014-2020 du Fonds social européen (FSE). Il s’agissait bien, dans le cadre de ces appels à projets, de renforcer les logiques de coopération entre les acteurs du monde l’enseignement et de l’aide à la jeunesse, de décloisonner et de favoriser les synergies au bénéfice des jeunes décrocheurs ou à risque de le devenir. C’est à dessein que j’utilise le mot
«renforcer» et non pas «établir», car il serait pour le moins erroné de prétendre que cette dynamique n’existait pas avant le FSE.
Les services d’aide en milieu ouvert (AMO), par exemple, collaborent de longue date avec le monde scolaire, que ce soit à l’intérieur des écoles ou dans un travail social de rue pour accrocher les jeunes dans les lieux qu’ils fréquentent habituellement et leur proposer délicatement, mais avec persévérance, de les accompagner en fonction de leur demande. D’ailleurs, si des moyens budgétaires pour soutenir ces nouveaux projets ont été mobilisés dans le cadre du FSE, c’est en valorisant à titre de co-financement l’investissement pérenne de la Fédération pour ces services et équipes. J’aurais également pu citer les services d’accrochage scolaire qui sont cofinancés par l’aide à la jeunesse et l’enseignement.
Il n’en reste pas moins exact qu’en raison de retard pris au niveau européen, l’appel à projets du Fonds social européen ne pourra être organisé avant septembre 2021 et que les décisions relatives à la sélection des projets dans la programmation 2021-27 ne seront pas connues avant le premier trimestre 2022.
Sachant que ces fonds européens sont en réalité gérés par l’Administration générale de l’enseignement, je peux vous affirmer que le Cabinet de ma collègue Caroline Désir, ministre de l’Éducation, recherche activement une solution pour éviter ce hiatus d’un an et prévoir une transition sur l’année 2021-22.

M. Matthieu Daele (Ecolo).
Les liens entre l’aide à la jeunesse et l’école sont primordiaux. Par ailleurs, notre administration doit veiller à éviter l’effet yoyo dans le financement des services pour assurer une pérennité dans leurs actions. Il faut éviter d’avoir des « trous » d’offre pour le bénéficiaire et d’organisation pour les professionnels qui sont financés. J’ai noté qu’une recherche de solutions est en cours. J’espère qu’elle aboutira.